SYMBOLES, langage vivant de la psyché - 1/3
- Lucie Richard
- il y a 4 jours
- 3 min de lecture
Ce texte inaugure une trilogie autour du langage des symboles :
1- le symbole comme langage vivant,
2- le symbole comme force de transformation,
3- les archétypes de la nature et la mémoire du monde.
Ce premier volet raconte la découverte de ce langage universel à travers une expérience personnelle fondatrice.
Savez-vous que vous parlez un langage universel, tellement imbriqué à votre être qu’il reste le plus souvent caché à votre conscience ? Pourtant, il est partout : dans vos rêves, dans les récits que vous lisez ou regardez le soir, les chants, les danses, les rituels, dans tous les arts. Son vocabulaire prend la forme d’objets, de personnages, d’éléments de la nature, d’une saison, d’une odeur, d’une couleur… C’est le langage des images symboliques. Son travail est de s’adresser non pas directement à l’intellect, mais à votre corps, votre esprit et votre âme.
Le mot vient du grec symbolon. Il désignait dans la Grèce antique un signe de reconnaissance : un morceau de poterie qu’on brisait en deux et que l’on confiait à deux ambassadeurs de cités alliées pour qu’ils puissent se reconnaître. Le symbole relie donc ce qui a été séparé, ce qui recompose l’unité à partir de la fracture. Il est le lieu de la rencontre entre visible et invisible, profane et sacré.
« Le symbole relie ce que la raison sépare. » — C. G. Jung
Il y a six ans maintenant, lors de mes pratiques avec le son, j’ai commencé à recevoir tout un florilège d’informations sous forme d’images que j’observais au début avec curiosité et amusement. Je ne savais pas encore à quel point elles cherchaient à me parler.
Je l’ai compris très clairement le jour où je me suis posée pour demander aux sons de m’apporter un peu de paix dans ma relation avec mon fils aîné. À cette époque, il était en terminale et les discussions autour de Parcoursup étaient devenues un sujet de tension récurrent. Je m’inquiétais qu’il ne s’en occupe pas ; plus je le pressais, plus il se refermait. Nous tournions en rond.
J’ai donc posé mon intention, et les images ont commencé à venir. D’abord, je nous ai vus tous deux nageant sous l’eau : j’étais derrière lui et je soufflais, comme si j’étais le vent ou le moteur qui lui donnait l’impulsion. Puis ma vision a pris de la hauteur, comme si je m’extrayais de la scène. J’ai alors perçu une rivière qui arrivait à son embouchure. À cet instant, tout s’est éclairé. Depuis toujours, j’étais la rivière qui le portait. Et le temps était venu pour mon fils de rejoindre l’océan. Mon rôle n’était plus de le guider dans l’eau, mais de rester à la source, là où naît le courant, là où tout commence.
Cette vision a opéré comme une révélation : elle m’a remise à ma juste place et a suffi pour que je change radicalement de comportement. J’ai cessé d’insister, de lui poser des questions, pour simplement lui proposer de rencontrer une conseillère d’orientation. J’ai lâché prise. Et notre relation s’est apaisée. Les symboles avaient réorganisé quelque chose en moi et, sans effort, ils avaient transformé notre lien. C’était dingue pour moi !
« Un symbole est la meilleure expression d’une situation problématique que la conscience n’a pas encore comprise. » — C. G. Jung
Ce n’était pas une simple production mentale ou imaginaire, mais des images chargées d’une énergie de transformation, en action vers une réalisation.
De la matrice à la rivière, tout commence par un mouvement d’amour.
Pour Jung, les images jaillissent de l’inconscient et sont les matériaux fécondants indispensables à la création et à l’évolution de la psyché tout entière. À travers ce qu’il nommait l’imagination active, il invitait à dialoguer avec ces images, à leur donner une place et une voix. Je ne le savais pas. Je l’ai appris bien plus tard, lors de mes recherches.
« Un symbole transmet un message même s’il n’est plus saisi consciemment dans sa totalité, car il s’adresse à l’être humain intégral, et non pas seulement à son intelligence. » — Mircea Eliade
Depuis ce jour, j’ai commencé à observer autrement toutes ces images qui venaient à moi : à déployer une vraie capacité à les faire émerger, à dialoguer, écouter, interpréter et intégrer — pour moi-même, pour les éléments de la nature, pour vous, si vous me le demandez !
